Line of oblivion
For viola d’amore, clarinets, dance, actor, real time electronic and video
Text and voice of Mexican writer Carlos Fuentes (*1928)
Night. The Mexican desert. A old man. Abandoned. Sitting in a wheelchair, looking into the darkness. Is he forgetting his memories? Is he imagining them or ..is he dying? He can’t move, he can’t speak, but he can hear and perhaps remember: try to remember. His name?
Emiliano Barroso. He finally recalls it. What a pity he’ll never be able to say it.
"Then I see what I should see. I see a line at my feet. A luminous stripe, painted a phosphorescent color. A line. Boundary. A painted stripe. It shines in the night. It’s the only thing shining. What is it? What does it separate? What does it divide? I have nothing but this line to orient me. And yet I don’t know what it means."
The line described by Carlos Fuentes is not only a line on the ground, a division between countries. It is also a broken line of memory, an empty frontier. A separation inhabited by the character in this story. Of generations? Of Cultures? Of North and South?
"old man with no plastic. An old man with a stiff neck. An old man with clear eyes open to the heavens, eyes washed by the rain. An old man with ears open, his earlobes dripping rain. An old abandoned man. Who could have done this?”
Statement of intent
Everyone lives with a knowledge of a border, with the awareness of the outside.– every immigrant, every citizen´. The Mexican border is the most wildly radical border in the world, the most contrasting in existence. Life on the other side is vastly different. Although “at peace”, the U.S. and its southern neighbor share only a landscape. Mexico and its northern neighbor have different beliefs, cultures, economies and world views but are joined at the hip. Conjoined twins at war with each other.
The tale asks who and what has put Emiliano Barroso, in a wheel chair alone in the desert south of the Rio Bravo del Norte facing the US Border and left him there, wondering about the value of his life and of modernity. Carlos Fuentes focuses on the cultural, anthropological and economic realities that this border divides and unites.
The questions he asks are asked at many frontiers. The answer, if there is one, is global, but often another punch line.
A surveillance wall is now always there, no longer a metaphor but a real part of many lives, a real part of disaster capitalism. As on the shore of the Río Norte, as on the banks of the Río Grande, every movement on our stage is recorded, The past is reflected in the music, the conditional in the movement, their combination is the present. These reverberations, this feedback, these signals create the synchronous reactive changes to better control the future, to create a real time, but perhaps false memory.
In this landscape of surveillance, the musical composition for viola, clarinets, dancer and actor will use motion capture sensors to create a reactive environment.
Pour viola d’amore, clarinettes, danse, acteur, électronique en temps réel et vidéo Voix et texte de l’écrivain Mexicain Carlos Fuentes (*1928)
La nuit. Le désert mexicain. Un vieil homme. Abandonné. Assis dans une chaise roulante, il observe l’obscurité. Est il en train d’oublier? Ou d’imaginer ou ...de mourir. Il ne peut plus bouger, il ne peut plus parler. Mais il peut entendre et peut être essayer de se rappeler de son nom:
Finalement il se souvient: Emilio Barroso. Quel dommage qu‘il ne pourra plus le dire.
“C‘est alors que je vois ce que je devais voir. Un trait sous mes pieds. Un trait lumineux, peint dans une matière phosphorescente. une ligne. Une division. Une ligne peinte. Qui brille dans la nuit. C‘est l‘unique source de lumière dans tout ce noir. Qu‘est ce que c‘est? Que sépare t-elle? Que divise t-elle? Je n‘ai pas d‘autre repère pour m‘orienter que ce trait. Mais je ne sais pas ce qu‘il signifie.“
Le trait qu’évoque l’écrivain mexicain Carlos Fuentes est d’abord une frontière : tracé, sillon, marquage du territoire entre deux pays. Est elle entre des générations? Des cultures? Le nord du sud?
Mais c’est tout aussi bien la ligne brisée d’une mémoire à la dérive, un espace mental aussi nu que ces no man’s land qui bordent les frontières, séparant un désert peuplé par un homme seul. « Un vieillard . Sans bouts de plastique. Un vieil homme à la nuque raide. Aux yeux ouverts face au ciel, propres, lavés par la pluie. Aux oreilles dressées, dégouttant de pluie. Un vieil homme abandonné. Qui donc a pu lui faire ça? »
Note d'intention
Tous autant que nous sommes, migrants ou voyageurs, nous avons fait l’expérience de la Frontière, et celle d’incarner l’Etranger. Par les violents contrastes des mondes qu’elle départage, la frontière mexicaine surclasse toutes les expériences. Supposés “en paix”, les deux états n’ont rien en partage, sinon un paysage. Croyances, cultures, économies et visions du monde, tout les sépare et pourtant tout les lie inextricablement : frères siamois qui se font sourdement la guerre.
Le récit se ramasse autour de l’énigme d‘Emiliano Barroso : Qui est donc ce vieux Mexicain de gauche paralysé, seul en ce désert, planté dans sa chaise roulante face à la frontière américaine, abîmé dans ses ruminations sur le monde moderne?
Carlos Fuentes se concentre sur les réalités culturelles, anthropologiques et économiques que cette démarcation partitionne. Un nouveau paradigme de la frontière se fait jour, tendanciellement global. Un mur de surveillance se dresse désormais, non plus comme métaphore, mais comme le Réel même de la désastreuse apothéose du capitalisme.
Comme c’est déjà le cas sur les rivages du Rio Norte, chaque mouvement effectué sur la scène de Line of Oblivion sera capté et répertorié. Sa trace ira perturber la musique. Car la musique est écrite, elle est déjà-là : c’est le passé. Le mouvement est conditionnel. Et leur combinaison s’actualise au présent: un entrelacement de changements synchronisés pour mieux controler le futur. Dans ce paysage sous surveillance, la composition musicale pour viole, clarinettes, danse et acteur utilisera des capteurs de mouvements afin de créer un environnement réactif, au sein duquel les mouvements de la danseuse et de l‘acteur alterneront de manière différente chaque soir la partition.
Choreography, dance: Johanne Saunier
Direction, scenography, lights: Jim Clayburgh
Music: Arturo Fuentes (website)[www.arturofuentes.com]
Actor: François Beukelears
Viole d'amour: Garth Knox
Bass clarinets: Ricardo Matarredona and Benjamin Dieltjens/ alternative Kurt Bude
Sound &Sensor engineer: Marc Doutrepont
Production JOJI INC
Co productions : Théâtre les Tanneurs (Brussels - Belgium), CECN (Mons - Belgium), Espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône (FR) , Ministère de la Communauté Française service Danse et du WBI (B), Scène nationale de Cavaillon (FR), Osterfestival Tirol (Austria), Festival de Mexico (Mexico),